Il y a près de deux mille ans, Ovide écrivait Les Métamorphoses. Un recueil de récits où les Dieux, les héros et les humains traversent des changements radicaux : Daphné se transforme en laurier pour échapper à Apollon, Narcisse devient une fleur, Arachné se change en araignée. Chaque histoire raconte à la fois une perte et une naissance, une identité qui se défait pour qu’une autre apparaisse.
Ces récits mythologiques, pourtant ancrés dans un imaginaire lointain, peuvent trouver un écho puissant dans nos vies professionnelles du XXIᵉ siècle.
La métamorphose, un processus encore actuel
Car au fond, qu’est-ce qu’une réorganisation, une reconversion, l’émergence d’une nouvelle technologie ou la transition vers de nouvelles façons de travailler, sinon une métamorphose ? On quitte un état connu pour entrer dans l’inconnu. On traverse des phases de résistance, d’adaptation, parfois de crise, avant de retrouver un nouvel équilibre.
Du changement au bouleversement identitaire
Dans les Métamorphoses, la transformation est souvent vécue comme un choc, parfois une violence. Dans l’entreprise, il en est de même : un nouveau rôle peut bouleverser nos repères, l’arrivée d’un outil comme l’intelligence artificielle peut remettre en cause nos compétences, une mutation peut questionner notre place. Un simple changement d’organisation peut déclencher des vagues de doute : Suis-je encore compétent ? Quelle est ma valeur ici ? Où est ma place ?
C’est que la métamorphose touche toujours plus que la surface. Elle n’affecte pas seulement ce que nous faisons, mais aussi ce que nous croyons être. La PNL nous enseigne d’ailleurs que chaque changement se déploie à plusieurs niveaux : environnement, comportements, capacités, valeurs, identité, spiritualité. Modifier l’un peut résonner sur les autres. Ainsi, changer un outil de travail, c’est parfois changer aussi la manière dont on définit son rôle, et à terme, la perception de soi dans l’organisation.
Une leçon pour le monde professionnel
La leçon d’Ovide pour notre monde professionnel est claire : la métamorphose n’est pas une simple transition technique. C’est un passage qui peut trouver une résonance existentielle. Elle implique de laisser derrière soi des certitudes, d’accepter l’inconfort du « ni l’un ni l’autre », et d’oser traverser l’inconnu pour découvrir de nouveaux territoires intérieurs.
Dans un contexte où les carrières sont moins linéaires, où les métiers se réinventent sans cesse, où l’adaptation est devenue une compétence clé, les récits d’Ovide nous rappellent que changer, ce n’est pas seulement s’ajuster. C’est apprendre à se redéfinir.
Et si chaque transformation professionnelle nous bouleverse, c’est parce qu’elle nous fait, bien souvent, toucher également à ce qu’il y a de plus intime : la question de notre identité. Dans Les Métamorphoses, certains récits peuvent prendre une résonance inattendue avec nos réalités professionnelles d’aujourd’hui.
🔵Daphné, qui se change en laurier pour échapper à Apollon, nous rappelle que certains changements ne sont pas choisis, mais subis. Pourtant, même dans la fuite et la contrainte, naît une nouvelle forme d’existence.
🔵Arachné, punie pour avoir défié les Dieux, et transformée en araignée, illustre l’art de se réapproprier son talent dans un nouvel espace.
🔵Philomèle, réduite au silence mais métamorphosée en hirondelle, symbolise la capacité à retrouver une voix même après l’oppression ou l’injustice.
🔵Narcisse, qui se perd dans son propre reflet, nous avertit des dangers d’une identité figée.
Alors, la prochaine fois qu’un changement nous semblera insurmontable, souvenons-nous : nous ne sommes pas seulement en train de perdre quelque chose. Nous sommes peut-être déjà en train de devenir quelqu’un d’autre.
« Rien ne reste tel quel, et renouvelant tout La nature toujours fait d'une forme une autre. Rien ne meurt, croyez-moi, mais tout dans l'univers Varie, change d'aspect. Ce qu'on appelle naître, C'est commencer d'être autre qu'on fut, et mourir Cesser d'être cet autre. »
— Ovide, Métamorphoses, Livre XV
