Les comportements toxiques au travail : comment les identifier et s’en protéger

Article publié sur le site: 23 août 2025 Auteur de l'article: Aurélie Kouéta Étiquette de l'article: Vie Professionnelle
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Climats de travail dégradés : un enjeu de santé, de performance et de culture d’entreprise 

Les comportements toxiques au travail ne sont pas toujours spectaculaires, mais leurs effets sont durables : stress, perte de confiance, baisse de motivation et départs prématurés. Identifier ces dynamiques et savoir s’en protéger est devenu un enjeu majeur pour les collaborateurs comme pour les organisations.

Pourquoi parler de comportements toxiques aujourd’hui ?

Dans un contexte où l’attraction et la rétention des talents sont des priorités, tolérer des comportements destructeurs est un risque non seulement humain, mais aussi stratégique. Les conséquences sont mesurables : baisse de performance, climat social dégradé, turn-over accru.

Selon l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (EU-OSHA), plus d’un salarié européen sur cinq déclare être exposé à un risque psychosocial lié à la communication difficile, au manque de soutien ou à des comportements hostiles.

Les conséquences se mesurent à plusieurs niveaux :

🔵 Un enjeu de santé : l’OMS reconnaît désormais le burnout comme un syndrome lié au travail. Selon une enquête OpinionWay (2023), 41 % des salariés français se disent en situation de détresse psychologique. Les comportements toxiques en sont souvent un déclencheur ou un facteur aggravant.

🔵 Un enjeu de performance : la démotivation engendrée par un climat délétère entraîne une baisse mesurable de productivité. Gallup (2023) estime que le désengagement coûte plus de 7 800 milliards de dollars par an à l’économie mondiale.

🔵 Un enjeu de culture : tolérer des comportements toxiques installe un message implicite : “ici, c’est accepté”. À long terme, cela dégrade la confiance, nuit à l’innovation et fragilise l’image employeur.

Pour les RH et les managers, la tolérance zéro ne suffit pas : il s’agit de mettre en place une véritable stratégie de prévention et d’accompagnement, qui allie écoute, outils d’évaluation et dispositifs de cohésion.

Panorama des comportements toxiques

Les comportements toxiques peuvent prendre des formes variées, parfois subtiles :

🔵 Injonctions contradictoires : quand les consignes données s’opposent, créant confusion et culpabilité.

🔵 Tyrannie managériale : harcèlement moral, humiliation, pression excessive.

🔵 Passif-agressif : sabotage discret, ironie constante, refus de coopération affichée.

🔵 Appropriation du travail d’autrui ou rejet systématique de ses propres responsabilités.

Ces comportements ne concernent pas seulement des individus isolés, ils révèlent souvent des dysfonctionnements organisationnels : communication mal posée, manque de clarté stratégique, ou culture d’entreprise tolérante envers ces attitudes.

Le vécu émotionnel des équipes : une dynamique de groupe à détecter et comprendre

La psychologie sociale nous enseigne que les groupes réagissent aux comportements toxiques par un effet domino : démotivation, isolement des victimes, polarisation entre “alliés” et “opposants”. En période de changement, ces dynamiques peuvent s’amplifier, générant une atmosphère d’incertitude et de stress.

La courbe du deuil d’Elisabeth Kübler-Ross, appliquée au monde professionnel, illustre bien ce phénomène : le choc et la colère suscités par les comportements toxiques peuvent bloquer durablement les équipes dans une phase de résistance, empêchant la reconstruction et l’innovation.

Les émotions en entreprise : un levier à reconnaître

Dans la plupart des organisations, la place des émotions reste délicate. Longtemps perçues comme une faiblesse ou un signe d’irrationalité, elles sont pourtant au cœur des dynamiques de groupe. Ignorer leur existence, c’est laisser s’installer des tensions invisibles qui minent la confiance et la coopération.

Colère, frustration, découragement ou peur ne disparaissent pas parce qu’on les passe sous silence : elles s’expriment autrement — absentéisme, passivité, conflits latents. Les comportements toxiques trouvent souvent un terrain fertile dans ce non-dit collectif.

Créer un cadre d’expression sécurisé pour les émotions, à travers des ateliers, des temps de parole ou des rituels collectifs, permet de transformer ce vécu en ressource. Les émotions deviennent alors des signaux utiles : elles éclairent ce qui fonctionne, ce qui bloque et ce qui doit évoluer.

Les chiffres clés sur l’impact des comportements toxiques

🔵 Selon Harvard Business Review, un employé toxique coûte en moyenne plus de 12 000 € par an à son entreprise en baisse de productivité et turn-over.

🔵 Près de 50 % des salariés ayant quitté un emploi déclarent l’avoir fait à cause d’un manager ou d’un collègue toxique (Gallup, 2023).

🔵 Les équipes exposées à un management toxique voient leur engagement baisser de 30 % et leur absentéisme augmenter de 25 % (Deloitte, 2023).

Comment prévenir et agir : des outils pour managers et RH

Les comportements toxiques ne disparaissent pas par hasard. Ils nécessitent une politique claire et des outils adaptés :

🔵 Bilans de compétences : identifier les ressources individuelles, évaluer les comportements managériaux et fournir une base objective pour les décisions RH.

🔵 Capacité d’interprétation : un bilan seul ne suffit pas — savoir en lire les résultats, comprendre les signaux faibles et poser les bons plans d’action est essentiel.

🔵 Ateliers de cohésion et de communication : permettre aux équipes d’exprimer leurs ressentis, réguler les tensions et reconstruire une dynamique collective saine.

🔵 Stratégie de communication interne : clarifier les règles, donner des repères communs, valoriser les comportements positifs.

Un enjeu stratégique pour les entreprises

En matière de recrutement, savoir détecter les comportements toxiques dès l’entretien est un atout. Mais il est tout aussi essentiel d’outiller les équipes pour reconnaître et adresser ces comportements quand ils apparaissent.

Les RH et les managers ne doivent pas seulement être des “régulateurs de crise”, mais de véritables architectes du climat interne.

Concluons que les comportements toxiques sont une réalité incontournable, mais ils ne sont pas une fatalité. En s’appuyant sur une meilleure compréhension des dynamiques humaines, en utilisant des outils comme le bilan de compétences, et en investissant dans la cohésion via des ateliers adaptés, les organisations peuvent transformer ces défis en opportunités de croissance collective.

Et vous, avez-vous déjà identifié des dynamiques toxiques dans vos équipes — et comment les avez-vous abordées ?

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